J’ai un moi…

Ce que j’ai compris c’est que chez nous en étant enfant, c’est qu’on nous appris à ne pas écouter notre corps, à ne pas être en connexion avec nous mêmes, surtout pas, et plus le temps avançait, alors comme c’était comme ça, t’étais bien si t’étais jamais malade, partout on te félicite que jamais t’es un jour malade, alors ça on n’a jamais vu…

Enfin de compte on se coupe de notre corps…J’accouche, je recommence, meme le gynécologue il me dit : « c’est incroyable vous avez accouché ça fait trois jours, on ne dirait pas du tout, vous vous levez, vous êtes …pff… », césarienne ? non, y a plus rien ! nada.
Il y a une telle…euh.. voilà écoute, pas le temps, allez oublie, avance, écoute toi pas, hop…

Et à force de ne pas s’écouter, t’es pas bien dans ton corps puisqu’enfin de compte tu sens que tu n’as pas la même connexion que les autres dans la famille, t’as une sensibilité autre, une sensibilité qui est beaucoup plus… moi je pense qu’elle était plus… plus fine que les autres personnes de la famille.
Bon, ça veut dire que pour moi ça va me demander beaucoup plus d’efforts, de m’éloigner de cette partie de mon corps.

Mais dans la famille si tu voulais être acceptée et puis que ça marche, c’était comme ça…puisque si t’es malade on t’enferme dans une chambre, et voilà t’es mis en quarantaine c’est comme si t’étais mis en prison, puisque c’est pas bien, c’est mal, t’es malade. Pas te voir… Tu reviendras quand tu manges à table, et puis comme tout le monde : quand t’auras faim, ça sera un signe. Donc plus le temps avance, plus tu te déconnectes avec ton corps.

Alors avec ta sensibilité ça fait que tu rentres toujours dans le besoin des autres, tu vois que celui-là il a besoin de ça, que celui-là il comprend pas ça, celui-là… voilà ! …mais toi, tu ne t’écoutes plus, t’écoutes plus ta fatigue, t’écoutes plus tout ce qui se passe chez toi …parce que t’es toujours dehors, t’es jamais dedans et enfin de compte tu vis la joie si c’est dans la joie, tu vis la peine si c’est la peine, tu deviens une éponge au possible .. hein ?
Parce que tu pompes l’énergie de l’autre et tu vis avec l’autre ce qu’il vit.
C’est pas « les oeufs au plat » ou des trucs comme ça parce que ce n’est pas la séduction, mais c’est plutôt de vivre ce que l’autre vit, par rapport à sa peine, par rapport à… voilà, tu vis constamment dans l’autre puisque de toute façon on t’a appris à ne pas écouter ni ta fatigue ni rien, ni ta douleur.

Alors t’as un « Toi », moi je pense que j’ai un « Moi », je ne sais pas comment ça se fait que j’ai un « Moi »… mais j’ai un « Moi »,
ça c’est sûr ! hein, puisque je comprends que je peux amener la joie avec mon petit doigt, je comprends différentes choses , ce que l’autre peut entendre… donc j’ai un « Moi », mais un « Moi » qui ne peut exister que quand il est dans l’autre, autrement… il est mort… !
Alors est ce que ça, ça m’appartenait ou est ce que c’est parce que j’ai été construite comme ça… ?

Parce que la partie de mon corps le temps où tu grandis, où t’es en évolution, où tu devrais pouvoir avoir tes marches ceux-là n’ont pas été faits, elles n’ont pas été construites.
Ma soeur, les années d’enfance elle a choisie la solution d’être toujours malade, voilà… Toute son enfance jusqu’à l’age je crois de 19 ans elle était malade…comme ça et ben c’est tranquille…hein ? Elle s’est mis une carapace.
Mais chez moi, il n’y avait pas de place… parce que déjà… ils ne me voulaient pas, voilà !
Mon frère, il a fait aussi sa carapace comme il a pu, en faisant… mais aussi en étant victime. Voilà, il fonctionne comme ça…tandis que moi, ben…hein (rire) je me suis déconnectée avec mon corps, totalement !

Donc maintenant, ce que j’ai compris hier à la chimio quand tu sens que ça coule…quand tu sens que partout ça passe dans ton corps, je me dis alors : « c’est très drole… », parceque depuis que je peux prendre ce temps, ben, mon corps je le sens. Je suis hyper sensible !

D’ailleurs cette sensibilité déjà en mangeant en étant enfant, elle était déjà présente ! Puisque je ne supportais pas les odeurs, je ne supportais pas différentes choses, j’étais d’une hyper sensibilité et elle était continuellement violée cette sensibilité…Puisqu’on me trempait la tête dans l’assiette et on me disait : « C’est comme ça ! … tu ne feras pas ta charogne de gamine ! ». Voilà c’était ça, « Charogne de gamine » qu’on te disait. voilà…(rire)
Mais j’avais ma sensibilité, elle était déjà là, et celle-là, elle n’a jamais pu être entendue…et je pense que le temps que j’étais « Au buffet » j’ai pu ressentir encore du plaisir à travers les gens, à travers les autres… mais à 13 ans… là, je pense qu’il y a eu… une coupure totale !

Le 8 Octobre… aussi, 50 ans après c’est la prise de sang… 50 ans après « la sortie » !
Quand ça tombe sur ce jour, pour moi c’est pas… je me dis, tiens tiens c’est incroyable… parce que c’est là qu’il y a eu une coupure avec mon corps.
Puisque depuis là, je ne grandis plus, mes hormones, ni mes seins, ni rien du tout, plus rien ne bouge ! Mon corps il reste intact. J’ai 13 ans ! et je continue ma vie d’avoir 13 ans. (rire)…et 50 ans après, me voilà avec mon crabe. J’en suis là !

Je cherche parce que je pense que c’est là dedans que je vais trouver mes réponses.
Comment reconnecter ? Parce que la connexion elle n’a pas été, depuis toujours… puisque je suis coupée depuis bébé d’avec ma mêre… Je n’ai pas cette nourriture, cette nourriture elle n’est pas faite…rien, en tout point et maintenant ben… c’est le résultat. Maintenant, c’est ça…

Mais comme j’ai la conscience… j’ai la pleine conscience, alors je me dis que peut etre j’ai encore des cartes en mains. Je veux espèrer, meme si…ce qu’on me raconte… hein. (silence)
Voilà, mais je ne m’avoue pas, je ne m’avoue pas vaincue. Bien sûr ces jours quand tu sens des différentes choses de nouveau, ton métal, ton machin, et que t’as envie de manger , t’as ..pff… C’est très drôle, parce qu’avec le produit, c’est comme si t’as une excitation et t’as une fatigue en meme temps, et tu ne peux pas te reposer parce que le corps il bouge, c’est aussi ce que l’infirmière, elle me disait hier, elle me disait : « Chez vous tout est à travers, on est en direct ! il n’y a pas de… » (rire) Celle qui était à coté de moi elle était ronde, et tout elle me disait, oh moi je ne sens rien…
(rire)
Eh ! chez moi c’est pas comme ça…! ça file tout de suite… donc j’ai à comprendre comment réinstaller.

Pour ça que Léon il dit toujours, Il dit encore à Michèle : »dit lui de prendre du Plaisir…de faire ce qu’il lui fait plaisir. rien d’autre ! »
Parce qu’il a compris, c’est avec cette reconnexion d’avec ce corps, et avoir le droit de vivre, de se sentir vivre, qu’il peut y avoir un miracle. ça sera le seul miracle. S’il n’y a pas cette rencontre alors le corps il me rattrapera jusqu’au bout…

Mais il n’a encore pas gagné, il n’a pas dit encore le dernier mot.

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