Je me souviens très bien de ce jour là, c’était en 1998…
Lorsque j’ai appris le décès du mari de mon amie d’enfance avec qui j’étais très proche, j’ai été bouleversée, car c’était aussi mon ami.
Décéder subitement à 40 ans, si jeune, c’est si invraisemblable !
A son enterrement, je suis allée chercher maman chez elle et on devait être à deux heures à l’église pour la cérémonie.
C’était en semaine, le temps que je finisse mon boulot, d’aller chercher maman, de manger un morceau avant de partir, de se parquer en plein centre ville…il me fallait du temps.
Il était peut être deux heures moins dix, quand on est arrivées en ville. Comme il était très connu dans la région tant professionnellement, que privé et que ce n’était pas une grande église, il y avait un monde… un monde fou !
Enfin, on est arrivées en bas des escaliers, je n’étais que sur la deuxième marche et il y avait encore au moins une vingtaine de marches à monter avant d’arriver devant le porche de l’église…et ensuite il y aurait toute l’église à traverser…
Même derrière nous il y avait encore des gens qui attendaient, c’est dire le monde qu’il y avait…
Maman me dit :
– On ne va quand même pas rester là, c’est ta meilleure amie, quand même….Il faut qu’on passe, il faut qu’on avance…
Je lui réponds :
– Mais non maman… Je suis là, au même titre que tous ces gens…
Ma foi, c’est comme ça, qu’est ce qui te dit que je vaux plus que celui qui est devant ?… Il avait peut être autant de valeur à ses yeux.
Ma foi, ma place, elle est là, et si j’avais voulu arriver plus tôt,
je n’avais pas à aller travailler ce matin !
Maman réplique :
– Non mais… on ne va rien entendre !
– Maman… tu peux accepter que c’est comme ça ?
J’étais en train de batailler avec elle, quand soudain un homme habillé tout de noir, s’approche de moi, et met sa main sur mon épaule, me regarde droit dans les yeux et me dit :
– Suivez moi…
Juste ces 2 mots : Suivez moi… Pour moi c’était assez clair, Suivez moi, Ok…j’y vais.
Je me retourne vers maman et je lui dit :
– Tiens moi la main !… Suis moi…
– Mais on va où ?, qu’elle me dit…
– Suis moi…
Alors je la prends par la main, je la fais monter les marches pour suivre l’homme vêtu de noir qui partait devant et qui nous jetait un coup d’oeil vers nous,…
– Suivez moi…
et Maman qui m’interpelle :
– Mais tu vas où… ?
– Maman… Suis moi !
Elle ne comprenait pas ce qui se passait… ça devait être un des croquemorts, une des personnes des pompes funèbres…
Entre deux, elle insiste quand même pour me demander ce qui se passait…
– Arrête maman…
Et moi, je suis le bonhomme, je suis, je suis, je suis cet homme…
Je pousse devant la foule en disant aux gens :
– pardon, pardon, excusez moi, pardon,… excusez nous, pardon, pardon…
Je ne connaissais pas tous ces gens qui attendaient dans la queue…
ni en blanc ni en noir…ni même l’homme en noir.
Arrivés au centre de l’église, au deuxième rang, il libère deux places (en demandant aux gens de se pousser un peu) et se retourne vers moi :
– Mettez vous là, ici !
A ma grande surprise c’était juste derrière mon amie…
Maman me regarde et me dit….
– Je rève ou bien quoi ?
Je lui dit :
– Cchhuuutt. on ne rêve pas, on est là…
Tu n’expliques pas que, tout d’un coup t’es là derrière , et puis tu te dis…bon ben Ok, Super, je suis derrière toute la famille…
Ca semblait irréel, tu te trouves juste derrière, et tu ne sais pas par quel miracle ça s’est produit…Tu n’y comprends rien…
Une fois installés, j’ai juste tapé sur l’épaule de mon amie d’enfance, et je lui dis,
– coucou…
Elle s’est retournée, elle m’a embrassée.
L’office commençait…
Mais quand le choeur a commencé à chanter, celui où mon amie chantait avec son mari… Elle a enlevé son voile…et Ouuups , elle est partie… partie dans les pommes. Elle est tombée par terre, entre tout le monde…
Tout d’un coup c’était trop, il y avait la fatigue, trop de choses qui se passaient, trop d’émotions, trop de monde…
Tout de suite, arrive le groupe de la sécurité, qui l’a ramasse et qui l’emmène en bas, dans la crypte…
Et là, je ne vois personne les suivre, alors je me dis :
– mais je rève ou bien ? mais comment ça se fait qu’ il n’y ait ni ses soeurs, ni sa mère , personne de sa famille…qui la suit ?
Mais c’est quoi ce truc… ?
Alors il y a une petite voix qui me dit :
– bon ben, si personne ne suit… faut suivre, il faut y aller !
Pendant que sa famille et sa meilleure amie de l’époque restaient avec les enfants… je dis à maman…
– Reste ici, je vais aller voir…
…mais je ne savais pas où il étaient passés !
Alors je commence à tourner, à les chercher et descends dans la crypte…moi la clostrophobe..
En bas il y avait déjà la croix rouge, qui tentait de la réanimer…
– Il faut lui mettre de l’oxygène !, Respirez, respirez…Mettez lui une couverture ici… Mettez lui ci, mettez lui ça…
J’arrive, je lui prends la main et je lui dis :
– Maintenant il faut que tu reviennes… faut que tu reviennes, il y a tes trois enfants en haut qui t’attendent, c’est pas le moment de lâcher reprends le dessus… Reviens maintenant… reviens maintenant, tes enfants sont en haut, ils ont besoin de toi…
Je sais que c’est pas simple…fait moi un signe, en haut tes enfants s’inquiètent…
.. et puis tout d’un coup elle rouvre les yeux, et je lui demande si ça va….Elle me fait signe, et elle me dit tout bas :
– Hum… ça va…
Ouf, tout allait mieux…
– Je vais vite aller leur annoncer que tu as ouvert les yeux et que tu vas bien…On t’attend en haut, je vais les rassurer…
Je suis donc remontée dire aux enfants :
– ça va…elle est revenue à elle.
…et le service a pu continuer…
Ensuite on est parti au cimetière et on est allé autour de la tombe. Leurs amis proches étaient tous là, avec la famille.
Puis est venu le moment où il fallait lancer la rose…Parce que chez les protestants, ils donnent toujours une rose blanche à chaque personne de la famille pour la jeter sur le cercueil.
Au moment de la dernière rose, elle allait la donner à une tante, elle avait encore sa rose dans la main, elle s’est retournée et est venue vers moi.
Et là, elle me dit :
– Euh… et bien voilà… mon mari préfère que je te la donne à toi !
Il aimerait que ça soit toi qui la mette… Je ne sais pas pourquoi, mais bon, alors je viens te la donner…
(rire)
Elle non plus ne savait même pas ce qu’il se passait.
– Oh ben alors c’est vraiment gentil, ça…
que je lui réponds…très touchée.
Maman pleurait, elle était aussi très touchée, c’était une histoire de fous… il y a des anges qui se promènent comme ça, dans l’air…
…Ensuite on est allé prendre l’apéritif au vin d’honneur, à l’hôtel des Anges, comme par hazard…
Quand tu refais le film plus tard, tu te dis, mais qu’est ce qui s’est passé au fond…?
Parce que même moi, je n’avais pas réalisé sur le moment… j’avais juste suivi dans l’action. Tu ne sais même pas pourquoi t’avais suivi, et on t’amène derrière…
Quelque temps après, peut-être 6 mois, j’ai refait le tarot à mon amie, parce qu’à chaque fois qu’elle venait elle me demandait toujours de lui faire le tarot…le tarot, le tarot, et c’est en lui faisant le tarot que j’ai eu le flash : c’était bien son mari qui était venu me chercher pour être auprès d’elle…
Avec toutes ces similitudes, ces messages sous forme de petits signes… comme sa main quand il venait me chercher pour danser, il la posait toujours comme ça… il me la mettait sur l’omoplate, et il me disait :
– vous m’accordez cette danse , chère Mademoiselle… ?
C’était sûr, Il était venu me chercher pour que je sois là, au bon moment…au moment où elle allait tomber dans les pommes…
Il savait…et la rose ?
C’était pour me remercier de l’avoir suivi, d’avoir été là, toujours présente pour sa femme, pour mon amie.
Mais au final, je n’ai jamais su si maman l’avait vu cet homme en noir…, mais plus j’y réfléchi plus je suis convaincue qu’il ne devait y avoir que moi qui l’avait vu cet homme en noir…
Merci Gracias