C’était dans les années 90, quand je suis revenue en suisse seule avec mes enfants, mes beaux parents m’avaient hébergée.
Mon mari ne voulait pas que j’entreprenne quelque chose, il avait peur que je demande le divorce…
– Ne fait rien qui puisse être contre nous, m’avait il dit…
Et au mois de mai, il a tout fait pour que je retourne auprès de lui.
Il m’a annoncé qu’il avait trouvé un condomino, et fin mai je suis retourné, en république dominicaine, car il ne souhaitait pas que je revienne dans notre maison qui était dans le pays voisin, et pour causes….
Mais malheureusement fin mai-juin j’étais déjà de retour en suisse parce que ça n’allait pas…et hop, de nouveau chez les grands parents….
En Juillet :
– ne fait rien… !
Pour finalement m’envoyer des papiers pour aller à Miami.
C’est donc en septembre que j’avais décidé qu’on retournerait à Miami…
Le psychologue m’avait déconseillé de continuer à faire ces allers-retours pour le bien des enfants, et j’ai compris que ça mènerait à rien…donc je ne suis pas parti.
Au mois d’octobre, il est revenu en suisse et je lui ai donné un ultimatum :
– Il faut qu’on avance, il faut savoir maintenant !
C’est donc comme ça qu’on a décidé que l’entreprise m’engagerait en suisse, que je prendrai un appartement mais que la location serait payée par l’entreprise, et que lui, il resterait là-bas.
Je ne pouvais pas rester comme ça, chez les grands parents indéfiniment…
Mais au final, c’était mon propre travail qui payait tout…
Puis un jour je rencontre en ville , une copine qui me dit :
– En novembre, je fais des décorations pour Noël, tu ne veux pas venir à la soirée ?… Il y aura untel et untel …
Alors je me dis, que ça me changerait bien les idées… j’y suis donc allée.
Et à cette soirée en discutant, je leur dis que j’aimerais bien trouver un appartement, que j’aimerais vivre en communauté mais que je ne savais pas ou trouver ça en suisse… je ne me voyais vraiment pas seule dans un appart avec mes enfants, après tous ces changements et ces drames…
Alors une voisine me dit :
– Mais il y a ça à coté de chez nous, il y a 2 apparts à coté de chez nous qui sont libres !…
– Oh mais c’est où ?
– là haut dans le village…
Et elle m’explique vaguement…
– il y en a un juste a coté de chez moi, il est petit, mais il est très bien.. et l’autre il est de la même grandeur, mais il est tout au fond.
Il est à coté d’une femme qui ne va pas bien du tout, elle a tenté de passer sous un train, et elle vient de sortir de convalescence…
Elle a 2 enfants… en qq mots elle me raconte son histoire. Alors tout d’un coup, c’était clair :
– Ah ? …ben c’est là bas que je veux aller vivre !
Puis on fini notre soirée, ça m’avait redonné espoir…
Malheureusement je n’avais pas demandé l’adresse exacte, alors j’ai continué mes recherches… à lire le journal, suivre les annonces.
Je suis même allée voir dans le village d’à coté.
Puis lorsque mon mari est revenu, là il me dit qu’il y avait un appart qui pourrait me plaire dans le quartier du haut…Alors on est allé voir ensemble cette petite maison, avec l’agent immobilier.
Elle était parfaite cette maison, mais pour moi toute seule là dedans, je sentais que j’allais déprimer avec mes enfants…
– Je ne peux pas prendre ça !
Moi j’aimerai vivre en communauté…J’aimerai vivre avec du monde. Je ne sais pas si ça existe en suisse, je ne sais pas…peut-être que vous avez quelque chose, j’ai entendu qu’il y avait quelque chose comme ça dans le village ?…
Et l’agent me dit…
– ah oui… moi, j’ai ça, juste un peu plus haut,
on y va ?
Alors on arrive dans ce quartier, c’était super chouette.
Effectivement les maisons faisaient un grand U, comme mon amie m’avait dit. Je comprends tout de suite que le premier appartement qu’on me présente, c’était celui que mon amie m’avait parlé,
et je me dis :
– ah ben non… Celui là, il est entre 2 maisons. Il donne devant un talus, je ne veux pas ça… et de toute façon , c’est pas à coté de mon amie que je cherche…
Et là on arrive dans l’autre, tout au fond.
Il ouvre la maison, je fais directement la traversée du couloir…
J’ouvre le store pour aller sur la terrasse, je sors et je vais regarder chez les voisins…
Je vois alors les deux filles jouer, elles sautaient sur les canapés, en bas-culotte, une coupe à la « Heidi », de je ne sais pas quelle époque… Elles semblaient complètement perdues , paumées, et toutes mégrichonnes…
Je retourne voir le gérant et lui dis :
– Oui oui ! c’est là que je veux être…
– Mais vous n’avez rien visité !…On va quand même faire un tour en haut !
Tout était parfait, petite, exactement ce qu’il me fallait…
Mais en descendant il me dit :
– Il y a un souci, cette maison, elle n’est pas à louer, elle est à vendre.
– Non,… mais moi je loue.
– Mais l’autre… elle est à louer. Vous avez vu l’autre ? Elle est libre, vous pouvez l’avoir de suite et vous pouvez y rentrer demain…
– oui mais moi, l’autre ne m’interesse pas !
Et mon mari qui rajoute :
– Mais l’autre est juste à coté… c’est quoi la différence ?
Personne ne comprenait…
Fin de l’histoire…
C’était un vendredi, et le mardi le gérant me téléphone :
– Bon ben c’est bon, on vous la loue…
Et c’est comme ça que j’y suis entrée rapidement…
Quelques jours après j’y retourne pour la signature du bail et revoir l’appartement. Pour voir aussi comment installer les matelas, et organiser l’emménagement…
Et là, en ressortant, tac, je tombe sur mon amie.
C’était début décembre il y avait le St Nicolas qui devait venir l’après midi et elle me dit :
– Viens , écoute viens tu connaitras tout le monde, il y a tout le contexte qui vient voir le St-Nicolas…C’est dans la pièce à coté …
Alors on est restée.. et nous voilà dans tout le groupe pour la Saint Nicolas… avec toutes ces femmes, le café, les petits gâteaux…
C’était vraiment chouette, j’étais déjà intégrée…
On a fait cette saint Nicolas tous ensemble…
Alors je demande à mon amie :
– Mais elle où la dame qui était en convalescence…?
– Elle n’est pas encore là, elle doit sans doute faire la sieste…
Un peu plus tard…je l’ai vue arriver, avec ses cheveux gris, jusque là, toute maigre…et j’ai pensé :
– Alors c’est Elle…que je devais rencontrer ?
Ce jour là je n’ai pas fait connaissance avec elle, je l’ai observée, je l’ai regardée. J’ai seulement fait contact avec ses filles, et les personnes du quartier.
Après on s’est débrouillé pour avoir des matelas, et dès qu’on a eu les matelas, quelques jours après on emménageait là-bas. Heureusement, j’ai pu reprendre ce que j’avais de ma cuisine, que j’avais conservé, et mon lit.
Je me suis débrouillée pour avoir des matelas, on n’avait rien…
Il n’y avait pas de salon, pas de meuble, heureusement j’avais gardé aussi une petite table de jardin…
Et puis on s’est installé au fur et à mesure.
…Au moins on était chez nous !
Ensuite j’ai fait connaissance avec ma voisine, et nous avons partagé énormément de choses les années suivantes. Elle qui avait été en pleine dépression, elle était devenue rayonnante. Nous sommes devenus tellement proches qu’elle venait chez moi, en passant par les sous-sols, même la nuit quand elle avait un coup de blues…
Malheureusement deux ans et demi après, j’ai été mis aux poursuites car l’entreprise avait arrêté de payer les loyers après avoir demandé le divorce…
Alors tout s’est enchainé, j’ai du partir de cette maison, un drame pour moi, et elle ? Elle perdait notre proximité, cette présence qui la rassurait. Le monde s’est écroulé pour elle, tandis que moi j’essayais de sortir la tête de l’eau, avec mes 2 enfants…
Quelques années après j’ai du amener la voiture de mon père à la casse…
Avec Elle, ça avait aussi été une rencontre d’Ame…Chacune avait été une pierre blanche pour l’autre.
Une petite voix m’avait guidée jusque là.
Merci Gracias.